Problème sur le réacteur 2 de la centrale de Golfech : un silence assourdissant et une communication lénifiante

Nos associations dont FNE82 ont été averties ce matin par un riverain de la centrale nucléaire de Golfech de faits préoccupants au cours des opérations de mise à l’arrêt pour déchargement du combustible du réacteur n°2.
Vers 17h, EDF publiait une déclaration d’incident significatif lénifiante. Il était ainsi confirmé qu’une vanne n’avait pas été manœuvrée pendant une opération de vidange du circuit primaire, et concédé que cette vidange avait eu lieu « dans une phase inappropriée de l’arrêt ». Mais bien sûr, il n’y aurait « aucune conséquence sur la sûreté et l’environnement ». La manière dont les faits sont relatés contraste singulièrement avec les échos que nous avons pu avoir concernant le désarroi des travailleurs du site.
Nos associations s’interrogent sur le silence prolongé d’EDF et des autorités. La division régionale de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui aurait été été avertie mercredi par EDF, n’était pas en mesure ce matin de répondre précisément à nos questions. Interrogé par nos soins, le siège de l’ASN a fini par confirmer vers 14h qu’une « erreur d’exploitation était effectivement survenue mardi pendant la phase de repli du réacteur 2 » et qu’une déclaration d’événement significatif pour la sûreté devait prochainement être publiée par EDF.
Le président de la Commission locale d’information (CLI) de la centrale, interpellé ce midi, n’était quant à lui pas averti des faits survenus ce mardi 8 octobre, ni de problèmes en cours sur le site nucléaire. Pourtant, les CLI, qui sont censées être l’interface privilégiée entre le public, l’exploitant et les autorités, doivent légalement être alertées dans les 48h en cas de problème ! Nous sommes le vendredi 11 !
Face à ce silence suivi d’une communication lénifiante, nos associations souhaitent faire part de leurs interrogations :
–  Alors qu’EDF n’a que le mot « transparence » à la bouche, comment se fait-il qu’aucune information n’ai filtré en plusieurs jours?
– La sûreté de l’installation est-elle vraiment maîtrisée, comme le laissent entendre l’ASN et EDF ?
– Les conséquences pour les travailleurs, les riverains et l’environnement peuvent-elles vraiment être exclues ?
– Comment la situation sur place a-t-elle été gérée, et par qui ?
Les éléments qui nous ont été transmis et la communication lacunaire d’EDF nous inquiètent d’autant plus au regard de la situation très dégradée sur le site. Il est indécent que l’entreprise, dans son communiqué, rejette la faute sur « un travailleur » pour détourner l’attention d’un problème plus global qui génère déjà des risques. En cinq ans, la centrale a renouvelé la moitié de ses effectifs, avec apparemment des conséquences lourdes au niveau humain et organisationnel, sans qu’EDF ne se soit apparemment donné les moyens d’apporter une formation suffisante aux personnes nouvellement arrivées. Fin septembre, Bertrand Frémaux, de la division de l’ASN de Bordeaux, a alerté sur une détérioration de la sûreté, pointant « un phénomène nouveau avec une multiplication des incidents » et des « problèmes de compétences et de comportement ». Une inspection renforcée mobilisant une vingtaine d’inspecteurs de l’ASN est d’ailleurs programmée sur le site du 14 au 18 octobre 2019. Elle sera centrée sur les « facteurs organisationnels et humains » et doit aussi aborder la question des fraudes. La course à la rentabilité menée par EDF, au détriment de la sûreté et de la sécurité des populations et des travailleurs, ne peut que déboucher sur des problèmes graves.
Plus que jamais, il est urgent d’enclencher une sortie du nucléaire .