Braquage au comité de bassin Adour Garonne

Le Parlement de l’eau a été pris en otage par le lobby industriel, avec le soutien des autorités publiques

Le Parlement de l’eau vient de voter, après des manœuvres de dernières minutes orchestrées par des représentants de l’agriculture industrielle, un SDAGE* en faveur de l’accaparement de la ressource en eau pour l’irrigation. Explications de notre fédération.

L’élaboration du SDAGE 2022-2027 : un long processus démocratique

Ce 10 mars aurait pu – aurait dû – être un grand jour pour la démocratie environnementale. Le Comité de bassin Adour-Garonne, Parlement de l’eau réunissant des représentants de tous les usagers de cette ressource fragile, était réuni en séance plénière pour l’adoption du nouveau SDAGE.

Ce document était en discussion depuis 2 ans, et a mobilisé des milliers d’heures de travail. Les bénévoles des associations membres de France Nature Environnement, ainsi que leurs confrères et consœurs, les représentants des consommateurs, n’ont pas ménagé leurs efforts jusqu’au dernier moment, pour améliorer son ambition. Bien que décevant et inquiétant sur bien des points, des avancées réelles ont été obtenues et le compromis atteint sur le texte semblait acceptable malgré tout.

Balayé en quelques heures, au profit d’une agriculture à contre-courant

Mais ce 10 mars, rien ne s’est déroulé comme prévu. Des manœuvres de dernière minute ont permis aux représentants de l’agriculture industrielle de faire passer une motion et une modification du SDAGE, en faveur de l’accaparement de la ressource en eau pour l’irrigation. FNE Midi-Pyrénées a déjà eu l’occasion de dénoncer les travaux du Varenne agricole de l’eau et du changement climatique, tant sur la méthode sans concertation que sur le fond. Eh bien ce sont tout simplement les conclusions du Varenne qui ont été intégrées dans le SDAGE !

Cette méthode inacceptable de pression foule au pied la démocratie participative et anéantit des années de concertation et de construction lente d’un compromis, pourtant essentiel sur cette question extrêmement sensible du partage de l’eau.

Face à cette prise d’otage, les associations ont voté symboliquement contre le SDAGE, qui a malgré tout été adopté, ainsi que la motion scélérate, dans le mutisme assourdissant de la majorité silencieuse.

FNE Midi-Pyrénées porte la voix de ses associations membres, et de ses amis des associations de consommateurs représentés au Comité de bassin, et dénonce

« L’irresponsabilité des instigateurs de ce coup de force qui, au mépris de la démocratie, attisent les antagonismes et les conflits, et s’érigent en propriétaires de l’eau ; L’irresponsabilité de la FNSEA, qui laisse croire que cette usurpation serait une solution réelle et incontournable au déficit en eau ;

L’irresponsabilité du Préfet de bassin et du Président du Comité de bassin qui, par leur soutien, légitiment de tels agissements, laissant une minorité détourner un processus démocratique, au détriment des autres usages et de l’intérêt général.

Nous affirmons que nous devons faire face collectivement au défi des bouleversements climatiques, avec le plus grand sérieux. L’urgence est bien là, comme le rappelle le « terrible avertissement » du dernier rapport du GIEC paru le 28 février. »

Les solutions sont pourtant connues et nos associations poursuivront sans relâche leur engagement, dans les instances de la République, pour défendre l’intérêt général : la transition agroécologique et alimentaire, les solutions fondées sur la nature, la sobriété de tous les usages, la préservation des milieux naturels, l’éducation et la formation de tous et toutes.

Lien: www.fne-midipyrenees.fr/braquage-au-comite-de-bassin-adour-garonne

*Le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) est un document stratégique et juridique essentiel, qui encadre et oriente les décisions publiques et privées susceptibles d’avoir un impact sur l’eau, au niveau d’un grand bassin hydrographique. La France s’est engagée, avec tous les Pays de l’Union Européenne, à atteindre le bon état écologique de son eau (rivières, nappes souterraines…) en 2027. Les SDAGE successifs doivent permettre d’atteindre cet objectif.