Madame la préfète, Mesdames, Messieurs les représentants du CODRE (Comité Départemental De la Ressource en Eau) exceptionnel.
Nous sommes réunis une nouvelle fois en CODRE pour évoquer un bilan terrible, une sécheresse 2022 très importante, qui se prolonge encore en sécheresse hivernale et qui ne présage rien de bon pour cet été.
- Le mois de février 2023 a été le 13ème mois consécutif à afficher une T°C moyenne à l’échelle de la France au-dessus des normales. Un telle série consécutive n’a jamais été relevée depuis 1900 (source météo France).
- Sans oublier les 32 jours sans pluie du jamais vu depuis les débuts des enregistrements en 1959.
Nous avons pour habitude d’entendre dans notre commission “ il y a de l’eau l’hiver, captons la”. Cet hiver nous aura fait une belle démonstration que l’eau nous ne pouvons la réclamer sur commande. Mais quand parlerons des actions pour éviter tout cela sur le long terme.
1/ Transition climatique :
La semaine dernière, le GIEC a publié une synthèse de toutes ses conclusions sur le réchauffement climatique. Ce rapport de synthèse souligne l’urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous. Malheureusement dans la trajectoire actuelle “les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu’à présent seront parmi les plus fraîches d’ici une génération”, avec toutes les conséquences que nous pouvons imaginer sur la ressource en eau et l’agriculture. (coautrice de la synthèse – Friederike Otto).
Aujourd’hui nous devrions être tous convaincus que le seul plan efficace pour préserver notre ressource en eau est un plan qui s’attaque à l’arrêt des émissions de gaz à effet de serre directement responsables du réchauffement climatique. Ce même dérèglement climatique est à l’origine de l’augmentation de l’évapotranspiration des plantes, de la modification des zones de précipitations et des différents aléas climatiques. Toutes autres mesures ne font que retarder les problèmes d’indisponibilité et de raréfaction de l’eau.
L’Etat a déjà été doublement condamné pour inaction climatique, faut-il que chaque collectivité du Tarn-et-Garonne le soit également pour que les résultats soient au rendez-vous ? En attendant, nos émissions ne diminuent pas assez, ni assez rapidement, ne présageant rien de bon pour l’avenir de l’eau..
2/ Transition agroécologique pour des sols vivants
Face au réchauffement climatique, l’agriculture est le plus fort levier disponible pour la séquestration des GES. La principale mesure qui à la fois réduit les besoins d’irriguer et permet de stocker du carbone et donc d’atténuer les effets du dérèglement climatique est la généralisation d’une agriculture sur des sols vivants, une agriculture qui remet de l’humus dans les sols et le structure en augmentant sa capacité de rétention de l’eau. Une agriculture qui favorise le ralentissement dynamique de l’eau pour prolonger le temps de résidence de l’eau dans les bassins versants. S’appuyer sur une agriculture qui travaille avec la nature, et qui ne demande pas la construction de nouvelles retenues d’eau artificielles. Une agroécologie qui adapte les choix culturaux aux conditions nouvelles.
Si le réchauffement climatique augmente l’évapotranspiration des plantes, et modifie les précipitations, les sols vivants par contre atténuent la sécheresse des sols et retiennent l’eau.
3/ Préservation écologique
La troisième mesure qui devrait être une évidence pour nous tous consiste à préserver nos zones humides, ces retenues d’eau naturelles, gratuites et d’une efficacité inégalable et inégalée. Mais notre regard n’est pas là, nous faisons le choix de détruire ces espaces naturels pour y construire des lotissements (je ne citerai pas un célèbre cas à Montauban) ou encore du photovoltaïque au sol sur une zone humide par exemple à Labastide du Temple. Allons nous continuer à ignorer l’importance de préserver la biodiversité et nos zones humides ?
4/ Approche collective du sujet
Enfin les solutions pour la préservation de la ressource en eau ne peuvent s’élaborer que de manière collégiale car l’eau est un bien commun de la nation. Une initiative existe à travers la charte de l’eau portée par le Département mais nous devons aller encore plus loin.
L’utilisation de l’eau doit être réfléchie de manière collective en intégrant systématiquement les besoins des milieux et en travaillant avec tous les usages et tous les enjeux de ce qui fait notre société, enjeux humains, environnementaux de biodiversité, économiques, sociaux, et de santé publique. Seule une approche globale nous permettra de nous adapter et d’éviter les conflits d’usages.
En écho à ces différents points de réflexion, je terminerai donc en vous posant 4 questions :
- Qu’envisage l’Etat pour accélérer l’adaptation et l’atténuation de la transition climatique de nos territoires et soutenir l’application rapide des PCAET des communautés de communes ?
- Comment soutiendrez vous la transition agroécologique pour la régénération des sols vivants ?
- Etes vous réellement conscients de l’urgence qu’il y a à sanctuariser les zones humides, à régénérer le maillage forestier et bocager de notre territoire, à végétaliser et perméabiliser les espaces urbains?
- Quel espace pourrions nous créer pour échanger sur les solutions pour la préservation et la gestion de l’eau au lieu de nous réunir uniquement en CODRE pour les questions de restrictions ?